Je vis la poésie par secousse. Comme une fièvre, j'ai de violentes poussées et j'ai besoin de suer mes frustrations, mes interrogations, mes angoisses et partager mes joies. Cela dure quelques années et puis mon inspiration retourne en hibernation.
Modestement, ce qui jaillit de ma main n'est que l'expression d'une pensée plus collective, je suis moi-même témoin de ce que j'écris.
Je suis convaincu que nous ne sommes que la somme de ce que les autres ont voulu ou nous ont permis d'être. On est (nait) que lorsque l'on donne. J'adhère à l'idée peu commune que le libre arbitre n'est qu'un mirage. Il ne suffit pas de vouloir pour pouvoir mais il faut pouvoir pour vouloir. Mes chansons défendent cette idée mais aussi celle que l'idéal d'aujourd'hui sera peut-être notre quotidien de demain.
Etre idéaliste n'est pas une mince affaire: il faut accepter d'être une sentinelle sans jamais profiter vraiment du temps qui passe. Nous semons des graines ici et là, en espérant, que l'intelligence permettra, enfin, à l'homme d'envisager l'idéal dont il rêve.
Je ne prétends rien, le moment n'est plus aux certitudes. Je veux juste partager ce temps de poésie et de musique, avec comme seule exigence artistique, celle de permettre à celui qui m'écoute de vagabonder dans ses jardins secrets, ses regrets, ses espoirs, de migrer sa mélancolie vers une planète où l'on se sent moins seul, moins fragile, peut être un peu plus heureux.
Depuis 2001, je n'avais plus écrit ni composé: la traversée d'un long tunnel en courbe m'empêchait de voir la lumière de la sortie...alors, j'ai marché en suivant les rails, j'ai fredonné, siffloté et écrit...
Quand je chante, j'entrevois le temps d'un vertige, la sortie du tunnel. Le son qui vibre me donne l'énergie d'avancer, d'espérer et de croire en cette graine qui pousse même en l'absence de lumière, car à vrai dire, je suis un pessimiste optimiste... et cette antinomie est certainement mon ADN que l'on retrouve à la fin de mes chansons.
Bruno V. (Chanteur résistant)