bruno V.

 

 

Covent Garden for always!

 

Nous nous étions donné rendez-vous à Covent garden à 13 heures. Tu avais 10 minutes de retard. Je t'ai envoyé un bref message pour te pardonner puisque les princesses se font, à juste poésie, toujours attendre.

 

Leur féerie t'oblige allègrement à la patience. Tel était le cas ! Nous nous étions rencontrés quatre jours auparavant dans le bus qui nous transportait de l'aéroport de Stansted à la gare de King Cross et tu avais le temps de ce trajet transformé mon présent en conte de fées : « Avez-vous l’heure ? » Pour quelles raisons m’as-tu interpellé en Français ? Je suis venu m’assoir à côté de toi. L’attirance était incontrôlable, mon attitude naturelle, spontanée sans duplicité.

 

Un voyage d'une heure 15 où tu vas à l'essentiel... j’étais sous le charme, hypnotisé... Tu m'as laissé ton numéro, il manquait un chiffre. Cela ne pouvait être un obstacle, juste une épreuve pour avoir le privilège de visiter ton jardin.

 

Nous avons échangé par texto et décidé, sans effort, de nous revoir. Nous étions mardi, Londres était bleu.

 

Je piaffais devant la porte de l'underground qui vomissait les voyageurs pressés : tu apparus, rayonnante ; je ne voyais plus que toi. L'air se mit en suspension, entraînant avec lui son plus fidèle compagnon : le temps. Notre ardente accolade respirait l’envie de partager ; nous avions choisi de nous retrouver et nous voulions dévorer cet instant dont nul n'aurait pu nous priver, même pas le doute qui paralyse, lors de leur premier rendez-vous, les amants alliciants. Nous perdions tout contact avec le monde et ses réseaux, nous savions que nous n’aurions besoin d’aucun selfie pour nous remémorer ce moment d’exception.

 

Je regardais les gens autour de nous comme des figurants, engagés pour nous offrir trois heures durant, le monde succulent des galants. Chaque objet, chaque chose, nourrissait un décor somptueux d'une grande scène en trois dimensions où ta silhouette se mouvait sans heurts, glissant, telle une danseuse, sur le parquet londonien de Floral street.

 

Je m'enivrais en me noyant dans tes yeux dont la palette flirtait sauvagement avec les couleurs des plages exotiques que je m'inventais en errant dans les courbes de ton si beau visage ; je me bronzais de plaisir en captant et en recevant les rayons de ta chaleur intérieure ; je me relaxais en ressentant le souffle de tes paroles frôler et exciter mes sens : je m'épanouissais comme une fleur avide de lumière, ta lumière, les pétales rougissantes, sans défense, je me gorgeais de plaisir sous ton soleil, je frétillais souplement sans esquiver les ascendances parfumées qui naissaient de tes phrases, de ta voix... je te survolais avec une envie folle de te prendre dans mes bras.

 

Nous savions tous les deux que notre voyage serait court, sans aller, sans retour, juste une halte sur nos parcours. Il fallait exprimer notre amour, notre désir d'être ensemble, en sachant que nous devions nous affranchir des premières étapes qui balisent une seconde rencontre. Notre différence d'âge, la distance, empêchaient d'imaginer que la belle épouserait la bête, j'étais déjà amoureux et je l'exprimais, mais je préférais tourner à gauche croisant le chemin coloré de l'amitié pour te garder pour toujours. On ne capture pas une libellule avec un furtif jeu de paume, elle sait élégamment éviter le piège, alertée par le courant d'air lubrique qui s'échappe des gesticulations affûtées de son prédateur.

 

Te séduire, tenter de t'embrasser auraient été indécent, ce que tu m'offrais méritait la volupté de ma pudeur. Nous nous baignions dans une mer calme, sans remous, bercée et chauffée par l'azur parfait de nos confidences ; je pouvais discrètement effleurer ta main, la prendre deux fois, pour ressentir à quel point tu me plaisais et que ce moment intense allait me marquer au fer rouge.

 

Je ne craignais pas la mélancolie de ton souvenir, chaque minute de ta présence perfusait mon âme de ta sève lumineuse et fertile, elle me donnait l'espoir d'une vie plus riche rythmée par les promesses de rencontres impromptues et savoureuses, débarrassées des parasites obsédants de la séduction.

 

Nous bavardions, en terrasse, face au Covent garden market. En le traversant tu m'avais répété plusieurs fois, "je l'adore" des mots enveloppés de ton accent espagnol que "j'adore" et qui allait s'éteindre dans le grenier de mon cœur comme un trésor.

 

Nous étions heureux, je ne le crois pas, j'en suis certain. Je t'écoutais, je buvais les cascades limpides de tes mains qui parfois se rafraîchissaient dans les mèches de tes cheveux auburn, reprenant leur respiration pour poursuivre leur chemin. Je te trouvais formidable, séduisante, captivante ; je te le répétais, sans cesse, exubérant ; ton histoire, ta vie, ta nationalité, l'Espagne se réfléchissaient dans ton regard, tu étais transparente de joie, je te pénétrais fiévreux, je m'allongeais au fond de toi, je me relaxais de ton moi, de sa puissance, de ton aura.

 

Autour de nous les monteurs, les accessoiristes s'activaient pour garnir les actes successifs de notre pièce onirique, chaque minute passée avec toi rendait ce monde magique et envoûtant. J'avais les yeux grands ouverts, écartelés, je m'entichais éperdument, me perdant : tout chez toi réveillait en moi les doux plaisirs des langoureuses promenades amoureuses de mes insouciantes adolescences. J'absorbais en toute conscience ton énergie et j'appréciais chaque goutte de toi. Je ne devinais aucune des secondes qui s'enfilaient, chacune était unique et attachante.

 

Nous nous sommes levés, batifolant avec les rues étroites de ce quartier que j'appréciais puisque tu l'avais choisi, en quête d'une place pour grignoter quelques nourritures terrestres les yeux dans les yeux.

 

Dans le flux léger des passants de Neal street, une actrice nous a offert deux mini savonnettes parfumées que tu avais prises candidement pour des bonbons. Avons-nous eu la même idée lorsque nous les avons reniflées sensuellement avant de les glisser dans nos poches pour mieux les protéger ? Anticipions-nous déjà le bonheur que nous procurerait ce parfum lorsque nous le porterions à nos narines après que nous nous soyons quittés ?

 

A Monmouth street, chez Balans, le restaurant était vide de nous. Nos places nous attendaient, les serveurs prévenants s'affairaient pour éviter que la moindre poussière puisse enrayer le balancier qui caressait les surfaces de nos attirances tout en les gardant à distance. Le point d'impact était perpétuellement chatouillé par le pendule doré délimitant la frontière à ne pas franchir pour préserver l'intensité du désir brûlant qui agoniserait, de toute façon, en s’asphyxiant, si par imprudence, nos deux fluides se rejoignaient pour n'en faire plus qu'un. L'avenir était notre pire ennemi. Nous n'avions aucune solution pour nous aimer, si par mégarde, l'un de nous deux avaient franchi la bordure platonique que nous avions mutuellement dessinée et acceptée. Nous avions conscience de cela, nous nous découvrions avec respect et engouement. Exaltés, nous grelottions passionnément ensemble et notre franchise affective nous rendait déjà inséparable.

 

Alors je t'ai suggéré quelques conseils pour ta vie, pour ton rêve de famille, d'enfants, je t'ai offert ton reflet qui brillait dans mon miroir sans retenue, pour te soutenir à franchir le pas de certains de tes projets dont tu avais commencé à renoncer. Je t'aimais et je n'avais pas peur de ton départ. Puis tu as retourné le miroir et j'ai été aveuglé par les éclats de ta clairvoyance, tu me voyais tel que j'étais... enfin quelqu'un me voyait.

 

Le vin blanc fruité sur mes lèvres avait la saveur des tiennes. Je les regardais vivre à la lumière rasante de cette fin d'après-midi. Je filmais ton visage quand tu portais le verre à ta bouche : vibrant, j'éprouvais l'expression sensuelle de ton corps à travers elle. L'as-tu ressenti ?

 

Tes mots conjuguaient mes mots. Tes images peignaient mes images. Tes gestes accompagnaient mes gestes. Ton regard guidait mon regard. Ton âme nourrissait mon âme. Ta joie ressuscitait la mienne, tu me réveillais. J'étais emporté par le galop de ta monture, la princesse venait de kidnapper le roi. Aucune de nos chevauchées ne s’avérait périlleuse, notre éphémère passion ne laissait que de jolies traces dans la mousse de nos histoires tourmentées et révolues.

 

Le temps a passé, Pégase nous a déposé à James street, alors nous avons fini les derniers mètres du sentier amoureux à pied, chaque pas refusant l'autre. Nous marchions à reculons. Le glas sonna seize heures trente. Nous nous sommes étreints une dernière fois puis encore une dernière fois et j'ai posé comme un enfant ma tête sur ton épaule. J'avais de la peine. Elle ruisselait dans mes veines, je te sentais profondément pour ne jamais perdre l'odeur de ton parfum, j'aurais voulu me redresser, te regarder, t'embrasser avec fougue et douceur. Nous nous sommes appréciés une ultime fois, tes yeux brillants comme deux étoiles en plein jour, deux étoiles qui hanteront mes nuits et la Voie lactée de mes amours pour toujours.

 

J'ai repris mon chemin à l'envers, effaçant une à une les rues qui m'avaient conduit jusqu'à toi afin de rejoindre Regent's park, mon point de départ 6 heures auparavant. Londres avait changé de décors, je n'étais plus attiré par les enseignes et décorations féeriques et mercantilement tapageuses d'Oxford street, tout me semblait terne et flasque. Je n'aimais pas cette nouvelle tragédie où je n'étais même pas figurant. Londres venait de perdre deux amants sans vraiment sans rendre compte. C'était triste et émouvant comme cette dernière phrase que tu laissais se perdre dans le vent, aux douces sonorités hispaniques : « C'est la vie ! » Oui c'était effectivement la vie, cette putain de vie, mon éphémère ma tendre Spanish chérie. J’ai glissé ma main dans ma poche et j'ai porté à mes narines le doux parfum de notre amour sublime, le gravant à jamais pour qu’il ne puisse, par déficience, s’éventer.

 

 

 

texte: Bruno V.

(Ryanair Londres-Biarritz, le 16 novembre entre 14h15 et 16h15)

@2016

Covent Garden for always!                                                                                
(Ryanair Londres-Biarritz, 16 de noviembre, entre las 14.15 y las 16.15 horas)

traduction : Ines Introcaso
           

Habíamos quedado en Covent Garden a la una de la tarde. Llevabas diez minutos de retraso. Te envié un mensaje breve para perdonarte porque las princesas, poesía obliga, siempre se hacen esperar.

 

Su magia nos impone alegremente la paciencia. ¡Y así fue! Nos habíamos encontrado cuatro días antes en el autobús que nos llevaba del aeropuerto de Stansted a la estación de King Cross, y en el lapso de ese trayecto, transformaste mi presente en un cuento de hadas: «Avez-vous l’heure?» ¿Por qué razón te dirigiste a mí en francés? Vine a sentarme a tu lado. La atracción era incontrolable; mi actitud, natural, espontánea, sin dobleces.

 

Un viaje de una hora y cuarto en el que vas a lo esencial... Yo estaba deslumbrado, hipnotizado... Me dejaste tu número, faltaba una cifra. Pero eso no podía ser un obstáculo, apenas una prueba para tener el privilegio de visitar tu jardín.

Intercambiamos por SMS y, sin esfuerzo, decidimos volver a vernos. Era martes, Londres estaba azul. 

 

Yo saltaba de impaciencia frente a la puerta del underground que escupía viajeros apresurados: apareciste, radiante: solo te veía a ti. El aire se quedó en suspenso, arrastrando consigo a su más fiel compañero: el tiempo. Nuestro abrazo ardiente rezumaba deseos de compartir; habíamos decidido encontrarnos y queríamos devorar ese instante del que nadie habría podido privarnos, ni siquiera la duda que, en su primera cita, paraliza a los amantes seductores. Perdíamos todo contacto con el mundo y sus redes, sabíamos que no nos haría falta ningún selfie para rememorar ese momento excepcional. 

 

Miraba a la gente alrededor nuestro como si fueran figurantes contratados para ofrecernos, por espacio de tres horas, el sabroso mundo de la galantería. Cada objeto, cada cosa alimentaba el decorado suntuoso de un gran escenario en tres dimensiones por el que tu silueta se movía sin tropiezos, deslizándose como bailarina por el parquet londinense de Floral street.     

 

Me embriagaba ahogándome en tus ojos cuya paleta flirteaba salvajemente con los colores de las playas exóticas que imaginaba vagando por las curvas de tu rostro tan bonito; me bronceaba de placer captando y recibiendo los rayos de tu calor interior; me relajaba sintiendo el aliento de tus palabras que rozaban y excitaban mis sentidos: me abría como una flor ávida de luces, tu luz, con los pétalos ruborizados, sin defensa, me empapaba de placer bajo tu sol, me agitaba dulcemente sin esquivar las ascendencias perfumadas que nacían de tus frases, de tu voz... Te sobrevolaba con un deseo loco de tenerte en mis brazos.  

 

Ambos sabíamos que nuestro viaje sería corto, sin ida, sin vuelta, tan solo una parada en nuestros recorridos. Teníamos que expresar nuestro amor, nuestro deseo de estar juntos, sabiendo que debíamos liberarnos de las primeras etapas que marcan un segundo encuentro. Nuestra diferencia de edad y la distancia impedían imaginar que la bella desposaría a la bestia, yo ya estaba enamorado y lo expresaba, pero prefería girar a la izquierda recorriendo el camino colorido de la amistad para tenerte para siempre. No se captura una libélula con un furtivo pase de mano, esta sabe eludir la trampa con elegancia, advertida por la corriente de aire lúbrico que se escapa de las afiladas gesticulaciones de su predador. 

 

Seducirte, intentar besarte habría sido indecente, lo que me ofrecías bien valía la voluptuosidad de mi pudor. Nos bañábamos en una mar en calma, sin oleaje, mecida y atemperada por el azul perfecto de nuestras confidencias; yo podía rozar tu mano discretamente, tomarla dos veces para sentir cuánto me gustabas y que ese momento intenso iba a marcarme a fuego.

 

No temía la melancolía de tu recuerdo, cada minuto de tu presencia inyectaba en mi alma tu savia luminosa y fértil, me infundía la esperanza de una vida más rica al compás de las promesas de encuentros imprevistos y deliciosos, liberados de los parásitos obsesivos de la seducción.

 

Charlábamos, en la terraza, frente al Covent Garden Market. Al cruzarlo me habías repetido varias veces «Je l’adore», con palabras envueltas en tu acento español que «j’adore» y que irían a apagarse en el desván de mi corazón como un tesoro. 

 

Éramos felices – no lo creo, estoy seguro. Te escuchaba, bebía las cascadas límpidas de tus manos que a veces se refrescaban en los mechones de tu pelo caoba, tomando aire para proseguir. Me parecías formidable, atractiva, seductora; te lo repetía todo el tiempo, exuberante; tu historia, tu vida, tu nacionalidad, España se reflejaban en tu mirada, transparentabas alegría, yo te penetraba febril, me recostaba en el fondo de ti, me relajaba en tu ser, en su potencia, en tu aura. 

 

Alrededor nuestro los montadores, los utileros trabajaban para decorar los actos sucesivos de nuestra pieza onírica, cada minuto pasado contigo tornaba este mundo mágico y cautivador. Yo tenía los ojos abiertos de par en par, desmembrados, me prendaba perdidamente, perdiéndome: todo en ti despertaba en mí aquellos dulces placeres de los lánguidos paseos amorosos de mi despreocupada adolescencia. Absorbía conscientemente tu energía y apreciaba cada gota de ti. No presentía ni uno solo de los segundos que se enhebraban, cada uno de ellos era único y entrañable.

 

Nos levantamos jugueteando con las calles estrechas de ese barrio que me gustaba porque lo habías elegido, en busca de algún sitio donde picar «alimentos terrenales» devorándonos con los ojos. 

 

En el flujo ligero de los transeúntes de Neal street, una actriz nos ofreció dos minipastillas de jabón perfumadas que cándidamente confundiste con caramelos. ¿Acaso pensamos en lo mismo cuando las olimos sensualmente antes de dejarlas caer en nuestros bolsillos para protegerlas mejor? ¿Anticipábamos ya la dicha que nos procuraría ese perfume cuando, una vez separados, nos lo acercáramos a la nariz?

 

En Monmouth street, en el restaurante Balans faltábamos nosotros. Nuestras plazas nos estaban esperando, los camareros atentos se afanaban por evitar que el mínimo polvo pudiera frenar el péndulo que acariciaba la superficie de nuestras atracciones cuidando de mantenerlas a distancia. El punto de impacto sufría el continuo cosquilleo de la péndola dorada que delimitaba la frontera que no había que cruzar para preservar la intensidad del deseo ardiente que agonizaría, de todas formas, asfixiándose, si por imprudencia nuestros dos fluidos se unían para formar uno solo. El futuro era nuestro peor enemigo. No teníamos ninguna solución para amarnos si alguno de los dos, en un descuido, cruzaba la línea platónica que habíamos trazado y aceptado mutuamente. Éramos conscientes de ello, nos íbamos conociendo con respeto y entusiasmo. Exaltados, temblábamos apasionadamente juntos y nuestra sinceridad afectiva nos volvía ya inseparables.

 

Entonces te sugerí algunos consejos para tu vida, para tu sueño de familia, de hijos, te ofrecí tu reflejo que brillaba en mi espejo sin reservas para ayudarte a dar un paso hacia algunos de tus proyectos a los que habías empezado a renunciar. Te quería y no tenía miedo de que te fueras. Después le diste la vuelta al espejo y me cegaste con el brillo de tu lucidez, me veías tal como era... por fin alguien me veía.   

 

El vino blanco afrutado en mis labios tenía el sabor de los tuyos. Los miraba vivir en la luz rasante de esa última hora de la tarde. Filmaba tu rostro cuando te llevabas la copa a la boca: vibrando, sentía la expresión sensual de tu cuerpo a través de ella. ¿Lo percibiste?  

 

Tus palabras conjugaban mis palabras. Tus imágenes pintaban mis imágenes. Tus gestos acompañaban mis gestos. Tu mirada guiaba mi mirada. Tu alma alimentaba mi alma. Tu dicha resucitaba la mía, me despertabas. Me dejaba llevar por el galope de tu montura, la princesa acababa de raptar al rey. Ninguna de nuestras cabalgadas resultaba peligrosa, nuestra efímera pasión no dejaba más que unas bonitas huellas en la espuma de nuestras pasadas historias atormentadas.

 

Pasó el tiempo, Pegaso nos dejó en James street, entonces hicimos a pie los últimos metros del sendero amoroso, cada paso negándose al siguiente. Andábamos marcha atrás. El fin se anunció a las cuatro y media. Nos abrazamos por última vez, después otra última vez, y yo como un niño apoyé mi cabeza en tu hombro. Sentía pena. Corría por mis venas, te olía profundamente para no perder nunca el perfume de tu olor, hubiera querido erguirme, mirarte, besarte con dulzura y ardor. Nos consideramos por última vez, tus ojos brillantes como dos luceros en pleno día, dos luceros que se me aparecerán en sueños y en la Vía Láctea de mis amores para siempre.

 

Desanduve el camino borrando una a una las calles que me habían conducido hacia ti hasta llegar a Regent’s Park, mi punto de partida seis horas antes. El paisaje de Londres había cambiado, ya no me atraían los letreros ni las decoraciones mágicas y mercantilmente llamativas de Oxford street, todo me parecía apagado e insulso. No me gustaba esta nueva tragedia en la que ni siquiera era un figurante. Londres acababa de perder a dos amantes casi sin darse cuenta. Era triste y conmovedor como esa última frase que dejabas perderse en el viento, de cálida entonación hispánica: «C’est la vie!» Así era, en efecto, la vida, esta maldita vida, mi efímera, mi tierna spanish querida. Metí la mano en mi bolsillo y llevé a mi nariz el suave perfume de nuestro amor sublime, grabándolo para siempre, para que no pueda, por deficiencia, llegar a desvanecerse.